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Photo du rédacteurJean Moise NDOH ABAH

L’Afrique, face aux enjeux et exigences du transport aérien

Article de Patrick Mandengue


I. REVUE DU SECTEUR AERIEN AFRICAIN

Le continent africain reste relativement en marge du trafic aérien mondial. Un nombre de passagers (0.09 Milliards) toujours insuffisant face à celle mondiale (4.14 Milliards), les trajets coûtent cher et les vols intra-africains sont restreints.

Toutefois, Il est néanmoins important de noter que quelques pays se démarquent et ce depuis quelques années en se dotant d’aéroports et de compagnies performants. Le potentiel du transport aérien africain reste considérable.


De maigres chiffres face à une performance mondiale

Sur une population africaine estimée à 1.22 Milliards soit 15%de la population mondiale, elle ne compte que 0.09 Milliards de passagers dans le monde soit 7%. Ce qui est très faible et qui démontre de l’étendue du marché à développer et à satisfaire.


Le continent africain est donc à la traîne dans le circuit mondial de l’aviation.

L’Afrique occupe la dernière place avec seulement 88,5 millions de passagers transportés en 2017. L’Asie-Pacifique caracole en tête avec 1,5 milliards de passagers, soit 36,3% du trafic mondial (+10,6% par rapport à 2016), suivie de l’Europe avec 1,1 milliard de dollars soit 26,3% ( hausse de 8,2%), et l’Amérique du Nord qui affiche un taux de 23%, soit 941, 8 millions de passagers (+3,2%). L’Amérique Latine (7%) et le Moyen-Orient (5,3%) complètent ce quinté.


I.1. Une progression maintenue à un chiffre


D’après les chiffres préliminaires que publie aujourd’hui l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), le nombre de passagers des vols réguliers a atteint 4,14 milliards en 2018, soit une hausse de 6,1% par rapport à l’année précédente (2017). L’Afrique a effectué une progression de 6.5%.


I.2. Coûts des trajets élevés et vols intra – Afriques très longs

Un voyageur en provenance de Kinshasa vers Lagos au Nigéria est susceptible de dépenser jusqu’à 1200 dollars avec un voyage qui peut durer plus de 12 heures, en passant par une ou plusieurs escales. Or, la distance qui relie ces deux métropoles est de 3000 km.

Une comparaison avec le secteur aérien américain, montre qu’une telle distance correspond à un vol New York à Minneapolis qui coûterait en moyenne 300 dollars et ne prendra par aucune escale.


Pour se rendre d'un pays à l'autre sur le continent africain, un voyageur peut devoir parcourir des milliers de kilomètres des fois en passant par le Moyen-Orient ou l'Europe, souligne City Lab.


La problématique de la cherté du transport aérien en Afrique fait que le continent ne compte que pour 2% du marché mondial du transport aérien.


Or, il abrite environ 12 % de la population mondiale et sera responsable de la majeure partie de la croissance démographique mondiale, au cours des trois prochaines décennies.

L’une des principales causes de la cherté des billets d’avion en Afrique est la taxe imposée par les Etats.

Les compagnies aériennes se retrouvent par conséquent, contraintes d’augmenter d’autant les tarifs des billets d’avion.


I.3. Le coût du kérosène toujours très élevé


Selon un article publié dans le quotidien La Libre Belgique, le coût du kérosène en Afrique est le plus élevé du monde pour les compagnies aériennes.

Il y est 21% plus cher que dans le reste du monde. De plus, dans certains pays, les taxes sur les carburants sont plus du double de la moyenne mondiale. Cela justifie aussi l’augmentation des prix des billets par les compagnies.


I.4. Une forte proportion de compagnies très petites


Sur le continent africain, 40 paysont au moins une compagnie aérienne ; 16 en ont plusieurs. Mais sur les 97 compagnies africaines enregistrées à l’Official Airlines Guide (OAG, 2016), seules 23 d’entre elles possèdent des codes IATA.

Délivrés par l’International Air Transport Association (IATA) et constitués de deux ou trois lettres, ces codes reconnus internationalement permettent aux compagnies d’être distribuées dans le monde par le canal des agents de voyages.

Le continent se caractérise donc par une forte proportion de compagnies très petites, n’ayant qu’une vocation locale.


II. PERFORMANCES DES ET CHALLENGES DES COMPAGNIES AERIENNES AFRICAINES


II.1 Résumé des performances des 05 meilleurs

Nous pouvons donc faire les remarques suivantes :

Ces compagnies ont une ancienneté comprise entre 42 et 74 années.

Les deux (2) premières compagnies ont un chiffre d’affaire à plus du milliard de dollars soit 76% du chiffre d’affaires de ces compagnies.

La South African Airways est la seule compagnie à avoir plus d’appareils (53) que de destinations (42) et également le ratio Résultat Net sur Chiffre d’affaires le plus mauvais (-0.21)Air Seyshelles est la compagnie aérienne africaine dont le nombre de destination est égal au nombre d’appareil c’est-à-dire 7, et dont le ratio résultat net sur chiffre d’affaires est le plus élevé (0.27)

Nous pouvons également analyser les routes map de ces différentes compagnies (Ethiopian airlines, South African Airways, Air Mauritius, Air Seyshelles et Kenya Airways) et constater à travers celles-ci que ces compagnies doivent plus s’investir à signer plus de contrats de partenariats avec d’autres compagnies en vue de reduir les coûts.

Le cas de Air Seyshelles est un parfait exemple de partenariats comme l’illustre l’infographie ci-dessous :


L’analyse des route map des cinq différentes compagnies aériennes africaines montre à quel point les entreprises aériennes africaines manquent cruellement de hubs.

Ce qui est un élément très important pour pouvoir se confronter à la concurrence des autres compagnies aériennes.

Ceci justifie donc les coûts élevés des tickets.


Il est par conséquent important au vue de ces routes map de dire que les entreprises aériennes africaines devraient augmenter leur nombre de destinations et le nombre d’appareil en signant des partenariats, en construisant des hubs afin d’être plus compétitifs.


II.2 Défis à relever

Le transport aérien représente une opportunité particulièrement adaptée au contexte africain. Mais le secteur est encore très dépendant de la sphère politique, les organismes de contrôle sont souvent inefficaces ou corrompus, les flottes sont anciennes et les aéroports inadaptés.

L’adoption de certaines mesures politiques, financières et techniques, permettrait au secteur de contribuer de façon importante au développement du continent.


Le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) est un projet phare de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) initié en 2018, une initiative de l'Union africaine visant à créer un seul marché unifié du transport aérien en Afrique, à libéraliser l'aviation civile sur ce continent et à y impulser l’intégration économique.

Ce méga projet qui vise 300 millions à l’horizon 2035 à travers la mise e place d’un ciel ouvert au niveau continental (Open Sky) pourrait donner un nouveau souffle au secteur aérien qui enregistre des pertes très importantes.

Pour ce faire, il faudrait que les États africains s’engagent résolument à appliquer les accords de « ciel ouvert » déjà signés et qu’ils mandatent une autorité continentale :

l’Union Africaine à travers le MUTAA (Marché Unique du Transport Aérien en Afrique) pour négocier les accords de trafic avec l’Europe et les pays du Golfe.

Le continent africain est en fort développement et son espace aérien est convoité.

Il faut donc pouvoir négocier des accords réciproques.

L’Afrique doit arriver unie à ces négociations. Ceci aiderait par conséquent à promouvoir le Made In Africa.

Pour que tout ceci fonctionne à merveille il existe des préalables, il faudrait :

- Concevoir des projets adaptés aux populations africaines

- Améliorer la connectivité du transport aérien

- L’ouverture définitive du ciel africain

- L’effectivité de la libéralisation du transport aérien

- Accentuer la compétition

- Promouvoir le développement humain

- Favoriser les formations d’alliances

Les pays africains doivent copier du modèle de réussite qu’est Ethiopian Airlines.


III. PLUS-VALUES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DU TRANSPORT AERIEN


II.1 constat apparent :

La mise en place du marché unique stimulera les opportunités de promotion du commerce, les investissements transfrontaliers dans les industries de production et de services, y compris le tourisme, aboutissant ainsi à la création de 300 000 emplois directs supplémentaires et deux millions d'emplois indirects, une contribution importante à l'intégration et à la croissance socio-économique du continent.

Selon une étude soutenue par l'Association internationale du transport aérien (IATA), l'adoption de politiques de ciel ouvert contribuerait à encourager la concurrence, qui fera doubler le trafic africain et baisser le coût final pour les consommateurs.


« Une étude réalisée par InterVistas en 2014 sur l’impact de la libéralisation dans douze pays a révélé qu’environ 155 100 emplois seraient créés dans les secteurs de l’aviation, du tourisme et de l’économie en général et qu’ils contribueraient à hauteur de 1,3 milliard de dollars au PIB annuel, ce qui représente environ 0,07 % du PIB annuel des douze pays », indique le document de travail de l’Union africaine, qui mentionne en outre « une augmentation de 75% des correspondances directes » et « des économies tarifaires de 25 à35% » pour les usagers ».


Les chiffres sectoriels montrent que l’aviation et les activités touristiques connexes génèrent aujourd’hui quelque 60 millions d’emplois à travers le monde.

L’aviation contribue donc à la croissance économique (le secteur pèse 538 milliards de dollars USD dans le PIB mondial) et à l’essor du commerce (le transport aérien réalise 40 % de la valeur des expéditions internationales au niveau planétaire).

Le constat est donc clair car les effets de la libéralisation du secteur aérien africain devraient rapporter plus que les chiffres annoncés ci-haut et mieux contribuer au PIB des divers pays. Les états africains doivent être plus ambitieux.



III.2 Financement du secteur aérien en Afrique


Pour permettre à l’Afrique d’avoir un taux de croissance économique important, il est indispensable de renforcer le secteur aérien.

Sa capacité à stimuler toute une économie incite les institutions financières de développement (IFD) tels que des investisseurs privés ou fonds d’investissement, qui vont intervenir auprès des acteurs du secteur pour leur apporter des financements structurés qui sont adaptés à leurs besoins.

Ceci parce que l’environnement africain dans le transport aérien regorge de plusieurs problèmes tels que:

- L’inaccessibilité au financement nécessaire à l’essor du transport africain

- Le manques de sociétés spécialisées dans le leasing des avions l(es banques africaines sont très frileuses de consacrer leur économies dans ce genre de transactions car celle-ci nécessite une assez importante mobilisation de fonds nécessaire à ces transactions).



IV.INNOVATIONS ENVISAGEABLES


Le plus important, c’est de créer des projets qui sont adaptés aux besoins de la population donc du client.

Ceci passe par une bonne connectivité entre pays de l’Afrique et pays hors Afrique et également une connectivité (WIFI) dans les avions pour satisfaire les besoins des passagers.

Nous en parlerons un peu plus dans le prochain article.


V. PERSPECTIVES

Comme dans les régions du monde, l’industrie aéronautique africaine dépend très fortement des niveaux de revenu, de la démographie ainsi que du coût du voyage aérien.

Or, avec une augmentation de la classe moyenne africaine de 100 millions de personnes d’ici à 2030, selon la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale, et le développement du tourisme, le nombre de passagers africains devrait croître de deux tiers d’ici à 2035, à 303 millions par an, d’après l’Association internationale du transport aérien (IATA).

De 2014 à 2034, le PIB du continent africain devrait ainsi progresser de 4,5% par an et les prévisions de croissance du trafic de passagers et de fret seront respectivement de 5,7% et de 6,9% bien au-dessus des moyennes mondiales, prévues à 4,9 % et 4,7 % (Boeing, 2015).

En somme, il est important de féliciter les efforts et le travail aboutit par Ethiopian Airlines pour se retrouver à la place qu’elle occupe aujourd’hui dans le transport aérien africain.

Les autres compagnies doivent par conséquent copier le modèle Ethiopian Airlines et aller plus loin c’est-à-dire :

-     Créer plus de hub afin d’avoir plus de destinations

-     Investir dans la rénovation des aéroports

-     Se former et former le personnel

-     Signer plus de contrats d’alliances


L’Afrique est le deuxième continent de la planète en termes de surface et de population (1.22 Milliard).

Toutefois, son marché aérien ne représente qu’une fraction du marché mondial (2%). Le secteur aérien africain reste sous-développé et se caractérise par des compagnies fragiles, fragmentées et en prise à des maux récurrents :

sous-capitalisation,

difficultés à attirer les capitaux pour acquérir les équipements nécessaires,

réseaux étriqués,

flottes vieillissantes, et affaiblies, les compagnies aériennes ne peuvent rivaliser face aux méga transporteurs internationaux.


Au cours de la décennie qui vient de s’écouler, selon les données de l’OACI, la demande de transport aérien en Afrique a augmenté en moyenne de 6,5 % en termes de passagers-kilomètres. Par conséquent, malgré l’état relativement sous-développé du secteur, l’aviation africaine est promise à un avenir radieux - ce qui explique l’arrivée massive de compagnies d’Europe, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie sur le continent et la concurrence féroce qu’elles vont se livrer sur les lignes long-courrier.

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